La légende Clairvaux
Le Mont Saint Michel, Fontevrault, Loos lès Lille et
Clairvaux ont ceci de commun que ce furent des abbayes célèbres avant de
devenir des prisons.
Clairvaux, nichée dans un recoin de l’Aube, entre forêt et
rivière, lieu adapté à la pénitence et l’effort qui rayonna en son temps sur la
chrétienté.
Clairvaux, 900 ans après sa
construction est devenue maintenant un lieu de mémoire spirituel et carcéral, toujours
surveillée par « l’homme en Blanc », statue de St Bernard qui domine la
Centrale.
Entre temps, l’abbaye agrandie, transformée, riche,
florissante s’est lentement assoupie pour devenir à la Révolution un
établissement pénitentiaire.
Au gré des démolitions, des reconstructions,
des transformations et des rénovations, elle accueillera des milliers de
condamnés, hommes, femmes et enfants et en 1971, l’ultime construction de
bâtiments de détention l’installe au sommet des centrales par sa capacité, sa
rigueur et sa sécurité.
Tous les personnels de l’Est connaissent Clairvaux au milieu
du village, son mess charmant qui fut un
ancien lavoir transformé, ses locaux de détention d’architecture cistercienne,
le bâtiment des convers, les cages à poules et pour ceux qui y ont travaillé
les WC dans les cours de promenades, les grands espaces, les hauts murs et les
miradors.
Dans l’histoire des prisons, Clairvaux restera l’archétype
des légendes pénitentiaires. Elle abritait une population pénale extrêmement asociale
composée de condamnés à mort puis à la perpétuité, de longues peines dans des
locaux inadaptés à l’enferment cellulaire, et où pour les rondes de nuit, les
surveillants étaient obligés de pénétrer dans les chambres au milieu des
rangées de lits pour les pointages.
La création des célèbres cages à
poules répondait en son temps aux obligations de la Loi par un enfermement
individuel sous surveillance constante et dans la pestilence des tinettes.
Et il reste dans les mémoires des anciens des anecdotes
originales comme ces condamnés rémunérés pour tester la solidité des chaussures
des personnels en déambulant sur un chemin tour à tour de gravillon, de
goudron, de cailloux et de bois. Les
mouvements rythmés par la cloche pour le réfectoire, pour les promenades, pour
les ateliers qui appelait les condamnés à se mettre en rang sans barguigner et
en silence ; et les cours de promenades qui voyaient tourner les détenus
en sabots, une colonne par bâtiment, toujours silencieux et à chaque claquement
du surveillant de voir la file changer de sens.
Le Clairvaux pénitentiaire fut dur
pour les détenus comme pour les personnels. Quelques tragédies ont traversé
l’histoire de cet ensemble carcéral, sombres événements gardés en mémoire et
qui ne s’effaceront jamais.
Retrouver Clairvaux en 2017 fut une
surprise pour le groupe de l’association. Des bâtiments ont disparus, d’autres
sont réaménagés, il reste l’immense parc et un ensemble immobilier modifié,
éclaté, métamorphosé en lieu de souvenirs, d’expositions, et de culture dont la
grange et sa charpente typique en forme de vaisseau retourné. L’entreprise
commencée par l’association St Bernard aura le mérite de
Petite devinette : pourquoi St
Bernard lève les bras tout en regardant le ciel ? Il interroge Dieu et
déclare : Seigneur, regardez le
bordel que vous m’avez mis en bas !
Sur le trajet de Clairvaux à Colombey-les-Deux-Eglises, lors
de la traversée du village de Rennepont, le président raconte une anecdote de
ce village traversé par la Renne qui, par une loi datant de Napoléon autorisait
la pêche à l’écrevisse toute l’année à la seule condition que leur consommation
soit réservée aux futures mamans.
Tout près de Clairvaux se dresse l’immense croix de
Lorraine, dominant prairies et forêts et qui abrite en son pied le musée
Charles de Gaulle.
Visite guidée d’une histoire proche
et glorieuse d’un personnage hors du commun. Sa vie, son œuvre, notre histoire,
notre pays, le sang de la France coulent dans ses bâtiments, se faufilent entre
les cimaises et devant les photographies et reproductions. Voilà une belle
histoire de France !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire