Voyage en Ardennes
Qui aurait jamais eu l’idée d’aller dans les Ardennes
particulièrement à Charleville ? Un département ni au Nord ni à l’Est,
nullement mémorable par l’Histoire ni connu pour ses paysages. Un pays de
forgerons, de métallurgistes, de fondeurs où serpente une Meuse paresseuse
surplombée par des forêts denses. Même pas un axe européen pour justifier un
passage de touristes, juste un bout de voie rapide depuis Sedan et des routes,
des virages et des descentes qui traversent des villages perdus dans les bois. Et
leur emblème le sanglier ! Quelle image pour une région.
Eh bien non ! Fausse idée. Charleville c’est autre chose.
L’association avait organisé un voyage là-bas et l’ensemble
des participants à découvert une belle ville et une région superbe.
Charleville doit son existence et sa réputation à deux
génies : Charles 1er de Gonzague duc de Nevers, de Rethel, de Mantoue
et Arthur Rimbaud poète. Deux penseurs, deux audacieux, deux précoces qui ont
donné vie à Charleville, l’un dans la pierre, l’autre dans l’esprit.
En 1606, à 26 ans, Charles de Gonzague décide la création ex
nihilo de la capitale de son duché, à proximité de Mézières. Ainsi nait Charles-Ville
sur des plans précis et décidés par le duc. Il commence par le joyau local
qu’est la place ducale et pendant 35 ans la ville se développe, s’agrandit avec
rectitude en bord de Meuse. Ce n’est que 360 ans plus tard que Charleville est associée à Mézières.
Découvrir cette ville est une révision de l’histoire, avec
ses grands hommes, avec le tumulte des guerres de religion, avec les
convoitises royales et les litiges frontaliers.
Charleville c’est la pierre jaune des façades, les rues pavées
tracées au cordeau, les ponts sur le fleuve, une fontaine baladeuse et
l’imposante statue du créateur, regard déterminé
et moustaches belliqueuses.
Charleville c’est la ville natale de Rimbaud, poète
fulgurant. En deux années, de 17 à 19 ans, il s’inscrit dans la légende des
lettres et révolutionne la poésie du XXème siècle. Ce météore qui
décède à 37 ans à Marseille après une vie d’aventures et d’excès, repose
maintenant en terre ardennaise dans sa ville de naissance.
Charleville, c’est aussi la fête. Depuis 1961, elle est capitale
des marionnettes avec son festival mondial, ses spectacles de rues, ses parades
et décorations générales des lieux, boutiques et façades.
Pour le repas, le bus effectua un court déplacement vers un
restaurant de Monthermé, citée blottie en fond de vallée dans une courbe de la
Meuse, entourée d’une dense forêt déchirée de rochers sombres. Devant un
panorama vert et bleu, les voyageurs prennent leur collation et, pour assurer
la digestion, s’offrent une croisière
sur la Meuse avec une guide
C’est aussi un pays de légendes médiévales, d’épopées dramatiques, de contes
mythiques mis en scène par de gigantesques statues élevées au sommet des
collines, de chaque côté du fleuve en éternel défi, sans crainte du temps ni
des souvenirs.
Ce court instant hors du temps termina cette visite dans les
Ardennes qui laissera à chacun un excellent souvenir qui, peut-être, les
convaincra de retourner un jour à Charleville.
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